mercredi 17 janvier 2018

Meilleurs alliés : un grand moment de théâtre !



Un évènement aura lieu ce mercredi 17 janvier à la Comédie Claude Volter avec la première bruxelloise de Meilleurs Alliés. Le spectacle a fait salle comble au Off d’Avignon (Théâtre des 3 Soleils du 7 au 30 juillet 2017) et à Paris, prolongations comprises (7 septembre – 6 janvier). L’évènement est double parce qu’il ne reste de places que pour les deux représentations supplémentaires et parce que c’est un moment de théâtre comme il y en a peu. Il m’est souvent arrivé de sortir d’un théâtre sur un petit nuage, mais cette fois il est de très grande taille.



Le 4 juin 1944, Churchill convoque de Gaulle à Londres pour lui faire part de l’imminence du débarquement des troupes alliées en Normandie.
De Gaulle est furieux : la France libre est écartée de la plus grosse opération militaire de tous les temps, qui aura lieu sur les côtes de France.
La rencontre se passe très mal. Au point que Churchill envisage d’enfermer de Gaulle quelque part en Angleterre.

Le propos est passionnant pour qui aime l’Histoire et s’intéresse à ces deux personnages mythiques du XXe siècle. Mais malgré cela, je ne percevais pas au premier abord tout l’intérêt d’une telle confrontation théâtrale. J’étais surtout heureux de voir à Paris deux acteurs belges de premier plan sur les planches du Petit Montparnasse. Une petite salle qui a vu passer plus d’un chef d’œuvre et des comédiens de génie, au sens vrai de cet adjectif trop rapidement jeté à la tête du premier venu à promouvoir.
La surprise est forte, quasiment immédiate, les deux acteurs dès leur entrée en scène imposent leurs personnages et la situation. Michel de Warzée et Pascal Racan leur donnent les accents d’une vérité surprenante d’un bout à l’autre du spectacle. Churchill et de Gaulle sont devant nous au soir du 4 juin 1944 et le resteront jusqu’au 7. La certitude de passer une soirée de rare qualité nous envahit dans l’instant tant ce face-à-face historique est servi par le jeu éblouissant, brillant et tout en finesse de deux très grands comédiens.

Pascal Racan et Michel de Warzée sont époustouflants de ressemblance physique et humaine. Churchill et le Général sont réellement sur scène, s’est à s’y méprendre. Racan campe un de Gaulle comme on l’imagine ou on s’en souvient : raide, convaincu de la grandeur de la France et de lui-même, fugacement très humain. Quant à de Warzée, il est un Churchill, expansif, provocateur, colérique, diplomate, doutant parfois. On perçoit très bien l’admiration-haine que les deux hommes avaient l’un pour l’autre. Les deux comédiens suscitent la surprise tant ils sont l’un et l’autre leurs personnages, jusque dans les gestes, les expressions et la voix, sans jamais tomber dans la caricature. Un grand moment de théâtre durant lequel on rit aussi beaucoup.
Il faut aussi dire un mot de Pierre Vienot, ambassadeur de la France Libre auprès du Gouvernement Britannique, lui aussi réincarné à Paris par Denis Berner, aussi juste que sensible et physiquement proche du véritable Vienot qui décède en juillet 44 épuisé par son patron et l'énergie qu'il a déployée tout au long du conflit, comme il semble par moment l’être sur scène.

Un texte intelligent et dense écrit par Hervé Bentégeat, une mise en scène sobre, subtile et soignée de Jean-Claude Idée achèvent de donner une consistance parfaite à cette rencontre entre ces deux géants de l’Histoire. La lumière, les décors et les costumes sont également dûs au metteur en scène. Je ne sais plus si le noir se fait, mais une salve ininterrompue d’applaudissements nous ramène à la réalité de novembre 2018.
Le spectacle est cité pour les Molière de cette année. On espère qu’il fera partie des nominés et pourquoi pas des prix attribués. Ce serait une belle reconnaissance pour deux acteurs qui seraient des stars en France, comme quelques autres collègues, alors que la Belgique a bien du mal à les reconnaître à leur juste valeur.





Avec : Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent d’Olce et Denis Berner, dont les rôles sont repris à Bruxelles par : Bernard d’Oultremont et Simon Willame.
Texte d’Hervé Bentegeat.
Mise en scène, Décors, Costumes et lumière : Jean-Claude Idée.
Son et vidéo : Olivier Louis Camille.

Une production de la Comédie Claude Volter et du Petit Montparnasse (Paris).
Représentations à la Comédie Volter du 17 janvier au 11 février, prolongations les 16 et 17 février.

Ce spectacle peut aisément être conseillé dès douze ans et conviendra aussi bien aux férus d’Histoire, qu’aux nombreux largués forgés par un enseignement déficient.
Réservez sans tarder, à ne manquer sous aucun prétexte, il n’y en aura pas pour tout le monde !

Bande annonce : ICI


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