Un
évènement aura lieu ce mercredi 17 janvier à la Comédie Claude Volter avec la
première bruxelloise de Meilleurs Alliés.
Le spectacle a fait salle comble au Off d’Avignon (Théâtre des 3 Soleils du 7 au 30 juillet 2017) et à Paris,
prolongations comprises (7 septembre – 6 janvier). L’évènement est double parce
qu’il ne reste de places que pour les deux représentations supplémentaires et
parce que c’est un moment de théâtre comme il y en a peu. Il m’est souvent arrivé
de sortir d’un théâtre sur un petit nuage, mais cette fois il est de très
grande taille.
Le 4 juin 1944, Churchill convoque de Gaulle à
Londres pour lui faire part de l’imminence du débarquement des troupes alliées
en Normandie.
De Gaulle est furieux : la France libre est
écartée de la plus grosse opération militaire de tous les temps, qui aura lieu
sur les côtes de France.
La rencontre se passe très mal. Au point que
Churchill envisage d’enfermer de Gaulle quelque part en Angleterre.
Le
propos est passionnant pour qui aime l’Histoire et s’intéresse à ces deux
personnages mythiques du XXe siècle. Mais malgré cela, je ne percevais
pas au premier abord tout l’intérêt d’une telle confrontation théâtrale.
J’étais surtout heureux de voir à Paris deux acteurs belges de premier plan sur
les planches du Petit Montparnasse. Une petite salle qui a vu passer plus d’un
chef d’œuvre et des comédiens de génie, au sens vrai de cet adjectif trop
rapidement jeté à la tête du premier venu à promouvoir.
La
surprise est forte, quasiment immédiate, les deux acteurs dès leur
entrée en scène imposent leurs personnages et la situation. Michel de Warzée et Pascal Racan leur
donnent les accents d’une vérité surprenante d’un bout à l’autre du spectacle. Churchill
et de Gaulle sont devant nous au soir du 4 juin 1944 et le resteront jusqu’au
7. La certitude de passer une soirée de rare qualité nous envahit dans l’instant
tant ce face-à-face historique est servi par le jeu éblouissant, brillant et
tout en finesse de deux très grands comédiens.
Pascal
Racan et Michel de Warzée sont époustouflants de ressemblance physique et
humaine. Churchill et le Général sont réellement sur scène, s’est à s’y
méprendre. Racan campe un de Gaulle comme on l’imagine ou on s’en
souvient : raide, convaincu de la grandeur de la France et de lui-même, fugacement très humain. Quant à de Warzée, il est un Churchill, expansif,
provocateur, colérique, diplomate, doutant parfois. On perçoit très bien
l’admiration-haine que les deux hommes avaient l’un pour l’autre. Les deux
comédiens suscitent la surprise tant ils sont l’un et l’autre leurs
personnages, jusque dans les gestes, les expressions et la voix, sans jamais
tomber dans la caricature. Un grand moment de théâtre durant lequel on rit aussi
beaucoup.
Il
faut aussi dire un mot de Pierre Vienot, ambassadeur de la France Libre auprès
du Gouvernement Britannique, lui aussi réincarné à Paris par Denis Berner,
aussi juste que sensible et physiquement proche du véritable Vienot qui décède
en juillet 44 épuisé par son patron et l'énergie qu'il a déployée tout au long du conflit, comme il semble par moment l’être sur scène.
Un
texte intelligent et dense écrit par Hervé Bentégeat, une mise en scène sobre, subtile
et soignée de Jean-Claude Idée achèvent de donner une consistance parfaite à
cette rencontre entre ces deux géants de l’Histoire. La lumière, les décors et
les costumes sont également dûs au metteur en scène. Je ne sais plus si le noir
se fait, mais une salve ininterrompue d’applaudissements nous ramène à la
réalité de novembre 2018.
Le
spectacle est cité pour les Molière de cette année. On espère qu’il fera partie
des nominés et pourquoi pas des prix attribués. Ce serait une belle
reconnaissance pour deux acteurs qui seraient des stars en France, comme
quelques autres collègues, alors que la Belgique a bien du mal à les reconnaître à
leur juste valeur.
Avec : Pascal Racan, Michel de Warzée, Laurent
d’Olce et Denis Berner, dont les rôles sont repris à Bruxelles par :
Bernard d’Oultremont et Simon Willame.
Texte d’Hervé Bentegeat.
Mise en scène, Décors, Costumes et lumière :
Jean-Claude Idée.
Son et vidéo : Olivier Louis Camille.
Une production de la Comédie
Claude Volter et du Petit Montparnasse (Paris).
Représentations à la
Comédie Volter du 17 janvier au 11 février, prolongations les 16 et 17 février.
Ce
spectacle peut aisément être conseillé dès douze ans et conviendra aussi bien
aux férus d’Histoire, qu’aux nombreux largués forgés par un enseignement
déficient.
Réservez
sans tarder, à ne manquer sous aucun prétexte, il n’y en aura pas pour tout le
monde !
Bande
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