jeudi 21 juin 2012

Le Département du paysage français est né au Musée d’Art et d’Histoire de Meudon !

Le bébé est magnifique : 43 tableaux présentés dans un écrin merveilleux font découvrir un résumé de l’histoire de la peinture de paysage depuis le milieu du XVIIIe siècle. Le rêve de Christian Grellety-Bosviel, le donateur de la plus grande part de la collection, est en grande partie réalisé : il promouvait la création d’un Musée Vivant du Paysage Français, jusqu’à son décès en 2005.

Cette belle réussite n’était pas gagnée d’avance. Nous nous étions dit Vincent Pomarède (Directeur du Département des Peintures du Musée du Louvre) et moi-même, en recevant le dossier du projet en 2003 : « Un musée de plus ! ».
En outre, Christian Grellety-Bosviel disait lui-même avec justesse : Bien des collections sont dispersées à la mort du collectionneur. Il ne faut pas le regretter, au contraire. Peu d’entre-elles méritent l’édification d’un « énième » musée ou même l’agrandissement d’un lieu d’exposition.
Alors, pourquoi cette exception ? Certes, un musée n’a pas vu le jour, faute du financement nécessaire. Mais cette collection est aujourd’hui le noyau du Département du Paysage Français que le Musée d’Art et d’Histoire de Meudon, récemment rénové, vient d’ouvrir.

La réussite du projet tient essentiellement dans les grandes cohérence et qualité de l’ensemble que Christian Grellety-Bosviel a léguée à Meudon. Il a patiemment constitué un panorama des principaux courants picturaux qui, depuis la fin du XVIIIe siècle, ont permis à la peinture de paysage d’acquérir le statut de « genre » à part entière.
Certes, il n’a pas eu le temps de combler certaines lacunes, mais quelques beaux dépôts y contribuent avec la même justesse (Centre Pompidou, Musée d’Orsay, Centre National des Arts Plastiques, Musée des Beaux-Arts de Reims, collections particulières et des achats du Musée de Meudon). L’objectif n’est pas l’exhaustivité, Graal rendu inaccessible par les cotes atteintes sur le marché de l’art. Néanmoins, la collection est réellement représentative de la peinture de paysage en France. Et c’est là un point essentiel : un tel ensemble muséal n’existait pas dans notre pays, pourtant patrie de la peinture de paysage.

Michallon, Bruandet, Decamps, Georges Michel, Rousseau, Huet, Diaz de La Peňa, Barye, Dupré, Harpignies, Boudin, Delacroix, Lepine, Lebourg, Anastasi, Cals, Isabey, Daubigny, Sisley, Le Sidaner, Moret, Serusier, Guilloux, Chabas, Marquet, Guillaumin, Camoin, Friez, Luce, Manguin, Lapicque, Lhote, Ambrogiani, Manessier et Tal Coat, tous présents à Meudon, ont tous contribué, c’est un peu oublié, au renouvellement de la peinture de paysage subtilement exposée au Musée d’Art et d’Histoire de Meudon entièrement repensé, sous la conduite de son conservateur Francis Villadier. Les Amis du Paysage Français lui ont apporté tout l’appui nécessaire dans cette entreprise, pour donner corps au rêve de Christian Grellety-Bosviel, trop tôt disparu, mais aussi de tout historien de l’art ou amateur de la peinture de paysage.

Il faut également souligner le rare et extraordinaire écho que ce projet, aux allures un peu folles, a reçu auprès de la Mairie de Meudon, dont Hervé Marseille, le Député-Maire, a immédiatement compris tout l’intérêt et qu’il a soutenu sans réserve depuis le début. C’est incontestablement un atout pour Meudon et son musée, non seulement parce que le thème plaît aux amateurs et touristes, mais parce que la peinture du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle attire en général les visiteurs en grand nombre.
Difficile aussi de ne pas citer Alain et Florence Grellety-Bosviel, les parents du donateur et Caroline Bourgue, infatigable Secrétaire générale de l’association des Amis du Paysage Français, sans qui cette entreprise, ce rêve, n’auraient assurément jamais vu le jour.

    Le Musée d’Art et d’Histoire de Meudon a ainsi ajouté la date qui manquait à l’histoire de la peinture de paysage :
1800 : première publication par Pierre-Henri de Valenciennes du traité qui fonde réellement le genre et guide tous les peintres jusqu’aux impressionnistes (réédité en 1820).
1817 : création par l’Académie du Grand Prix de Peinture de paysage, qui permet au lauréat de travailler trois ans à Rome aux frais de l’Etat pour y parfaire son apprentissage.
1827 : Début de Camille Corot au Salon à Paris.
1830 : Premiers pas de l’Ecole dite de Barbizon qui s’éteint définitivement vers 1875.
1863 : Suppression du Grand Prix de Peinture de Paysage.
1874 : Début des expositions impressionnistes.
2012 : Ouverture au Musée d’Art et d’Histoire de Meudon du premier Département du paysage français, consacré uniquement à la peinture française de paysage.

    Camille Corot a mieux que personne exprimé en 1873, deux ans avant sont décès, ce que la beauté d’un paysage peut apporter. Il résume à merveille la consistance, difficilement chiffrable, du «retour sur l’investissement culturel», dans un monde toujours en quête de davantage de rentabilité et à présent d’économies mal comprises, dont la culture, l’art et la recherche sont les premières victimes :

Et moi, j'aurais voulu couvrir tous les murs d'une prison : j'aurais montré à ces pauvres égarés la campagne de ma façon, et je crois que je les aurais convertis au bien, en leur apportant le pur ciel  bleu !
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