La presse s’est réjouie au début du mois d’août de la création en 2017 d’un
musée Bruegel rue Haute à Bruxelles autour de cinq tableaux, sortis des collections
des Beaux-Arts, et d’une collection de 120 objets contemporains de ce même
peintre.
Tout semble merveilleux et l’on se réjouit dans les chaumières médiatiques
que le « business plan » soit prêt ! Mieux, cela démontrerait
que le Musée des Beaux-Arts est linguistiquement parfaitement correct en
proposant deux « « musées » » (doubles guillemets
volontaires), aux allures l’un francophone (Magritte), l’autre néerlandophone
(Bruegel).
Belle récupération historique qui n’a aucun sens lorsque l’on connaît un
tout petit peu l’histoire de Belgique et surtout l’Histoire de l’Art dont on ne
parle même plus, sauf pour s’émerveiller devant les Impressionnistes et l’art
postérieur.
Pendant ce temps, personne ne constate que l’on affaiblit encore
l’attractivité des Musées Royaux des Beaux-Arts et que la facture du visiteur
s’alourdira inévitablement, s’il souhaite voir la totalité de ce que l’on veut
bien lui présenter. J’imagine déjà le beau billet groupé avec promotion
temporaire « vue à la télé ». Que l’on me comprenne bien : je ne
suis pas opposé au marketing, ni à une gestion de type entrepreneuriale, c’est
devenu indispensable même dans un musée. Il ne faut cependant pas confondre avec
saucissonnage, surtout lorsque la cohérence d’un véritable et presque défunt
musée est en jeu.
C’est au Musée des Beaux-Arts qu’il faut présenter cette nouvelle collection
d’objets autour des œuvres de Bruegel. Et non supprimer encore cinq œuvres
parmi les plus importantes du Musée, qui contribuent à sa renommée. Quelle
entreprise se passerait de ses produits phares ? Breugel est l’une
des têtes de gondoles des Beaux-Arts. Que restera-t-il à voir rue de la Régence
après cette nouvelle atteinte aux collections ? Voilà une preuve supplémentaire
du démantèlement des musées pourtant démenti.
Si l’on souhaite vraiment créer un musée Bruegel, rue Haute, ce qui
pourrait se comprendre, il doit se faire autour de ces 120 objets présentés dans
cette maison (dont on sait peu de choses), grâce à une muséographie innovante, contemporaine,
attractive et renvoyer les visiteurs vers le Musée des Beaux-Arts. Le bon sens
même.
Force est de constater que le Directeur Général des Musées Royaux des
Beaux-Arts a troqué son costume de directeur d’un grand musée pour celui de
directeur de l’événementiel avec l’accord de sa tutelle administrative. L’ensemble
des faits récents montrent qu’il y a dans tous les cas de figure une opposition
parfaite à l’idée même d’un musée, telle quelle se conçoit partout dans le
monde.
On marche sur la tête et tout le monde semble heureux.
A lire ou à voir sur le sujet (en autre) :
Bonjour
RépondreSupprimerun petit mot pour aller dans votre sens. Les expositions temporaires "blockbusters" ont créé un syndrome de l'évènementiel, au détriment des collections permanentes des musées. Bruxelles est le théâtre d'un saucissonnage regrettable. Que se passera t il à Anvers quand le musée rouvrira ?
Cordialement
François
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