Musée des Beaux de Bruxelles en décembre 2015 : après tout et avant rien ? |
Voilà plus d’un an que le Gouvernement belge est en place. Un an déjà que des mesures budgétaires drastiques d’économie ont été annoncées, puis appliquées sans ménagements. Le monde culturel s’en est fortement et médiatiquement ému, puis le soufflé est retombé. Tout comme pour le récent appel des scientifiques flamands auprès de Madame Sleurs, Secrétaire d’Etat chargée, entre autres, des matières culturelles et scientifiques. La Carte Blanche (Cinq ans sans musée d’Art Moderne… C’est assez !) publiée par MsM/MzM dans la Libre Belgique du 20 janvier dernier, à la rédaction de laquelle j’ai collaboré, est passée encore plus inaperçue. Il ne serait pas exagéré de dire que pas une vague n’a été observée, ni politique, ni scientifique, ni intellectuelle, ni de qui que ce soit. Flop dans les trois cas. Le navire gouvernemental tient son cap.
C'était par ailleurs le silence total jusqu’au 11 décembre dans tous les milieux concernés (en principe) par les musées. Plus rien n’a filtré nulle part. Mes informateurs habituels sont toujours aux abonnés absents. Perplexité devant ce silence général.
Il en est de même à propos des projets «alternatifs», plus encore à propos du Quai Citroën, joli coquille vide sans espoir de collection. Il en est jusqu’au Directeur du Musée des Beaux-Arts, qui a totalement perdu la voix ; pourtant si prolixe jusque dans un passé récent.
Curieusement, je me souviens pourtant de promesses ministérielles. Des délais courts étaient précisés. Souvenirs aussi de projets pour les musées, d’une évaluation de la direction des Beaux-Arts, de… Inutile d’en ajouter.
En fait de projet, la naissance des «clusters» a été annoncée sans grandes précisions, sous couvert d’un avenir meilleur. Du déjà vu maintes fois. Sorte de prélude pour une fin des musées, dont nous reparlerons.
Nous sommes à présent devant une œuvre chère à Philippe Dussaert (1947-1989), que j’ai bien connu : Blanc sur blanc, la vacuité absolue. Ce vide sidéral rappelle que le Musée d’Art Moderne est toujours fermé. Sauvagement fermé depuis cinq ans (1er février 2011 pour mémoire).
La volonté politique de Madame Sleurs de redresser les établissements scientifiques n’est plus aussi claire qu’en janvier dernier 2015, malgré les bonnes dispositions affichées (fausses ou sans moyens ?). Elle est en passe de rejoindre les précédents Ministres au cimetière des bonnes intentions. La fin du musée au sens défendu par l’ICOM et par tous les musées du monde, semble aussi proche qu’avec les défunts pôles. Elle l'est probablement davantage parce que ses modalités sont défendues par un membre du Gouvernement, dont on perçoit bien à présent l’objectif «communautaire». Les récentes déclarations d’élus NVA, de ce mois de janvier, ne laissent aucun doute à ce sujet.
Nous étions en décembre 2015 «après tout», dans l’espoir d’une réelle revitalisation des musées, et nous voilà aujourd’hui très probablement «avant rien». A notre place de toujours finalement. Nous pouvons cependant franchir encore un pas et légitimement douter de la parole politique quelle que soit sa couleur ou son emballage.
Ne vous trompez pas, je ne suis pas contre toute idée de changement. Encore faut-il que ce changement ait un sens. Si c’est le cas, il n’est pas perceptible dans ce que le Cabinet appelle poétiquement : «Note de vision». Est-ce une forme d’autodérision ? Ce que j’en comprends ne dénote pas précisément d’une véritable «vision». Il s’agit d’un projet concocté en chambre, sans concertation, que l’on essaie de créer a posteriori, autour de lignes directrices qui ne dénotent pas précisément d’une connaissance profonde des musées. J’ai combattu les pôles de Philippe Mettens, mais tout n’est pas à jeter. Pourquoi tenter de réinventer la roue, alors qu’il a fait travailler soixante (60 !) groupes de travail sur des questions de fond. Il doit bien y avoir quelque chose d’utilisable dans cette somme de connaissances.
Il faut le souligner : je ne suis pas contre toute forme de changement. Il est nécessaire au contraire. Mais il faut qu'il soit porteur de sens. Ce n'est le cas ni avec les pôles, ni avec les clusters, dans la mesure de ce que l'on peut en comprendre aujourd'hui.
Si la Ministre tient réellement au bien de ces institutions, ainsi qu'elle le dit, il y a une mesure principale à prendre. Elle est toute simple et peut l’être sans délais. Il suffirait, de donner à ces établissements l’autonomie de gestion (elle est bien encadrée par la Loi) et leur garantir que les fonds propres générés par leur activité leur appartiennent réellement, ce qui n’est pas le cas. Le Gouvernement les a siphonnés pour les jeter dans le grand trou noir.
Les établissements ont également besoin d’une prise directe sur la maintenance des bâtiments qui n’est clairement pas la priorité de la tutelle depuis plus de 20 ans.
L’autonomie a plusieurs avantages, dont le principal est de permettre à ces institutions de fonctionner immédiatement selon un modèle nouveau et non dans deux, trois, voire quatre ans.
Le deuxième est que cela ne coûterait réellement pas un euro, contrairement à toute nouvelle structure restant encore à définir. L’environnement institutionnel actuel suffirait largement pour y parvenir. Evidemment, cela ne peut se faire sans un refinancement et le remplacement des postes vacants depuis des années. On ne peut continuellement répartir sur ceux qui restent la charge de travail du partant. A ce train, le burnout ne manquera pas d’être la première cause d’absence. Tout aussi grave, la qualité scientifique ne pourra certainement pas être maintenue. Or, il semble que l’ensemble de l’opération prévue doive être réalisée à budget constant...
Le sort des musées royaux et de l’Institut Royal du Patrimoine Artistique intéresse-t-il encore quelqu'un ? Voilà la question de fond.
Il faut à présent ajouter le Musée de l’Armée à cette liste. La différence de tutelle ne change rien à ce nouveau naufrage annoncé depuis des années.
Les établissements ont également besoin d’une prise directe sur la maintenance des bâtiments qui n’est clairement pas la priorité de la tutelle depuis plus de 20 ans.
L’autonomie a plusieurs avantages, dont le principal est de permettre à ces institutions de fonctionner immédiatement selon un modèle nouveau et non dans deux, trois, voire quatre ans.
Le deuxième est que cela ne coûterait réellement pas un euro, contrairement à toute nouvelle structure restant encore à définir. L’environnement institutionnel actuel suffirait largement pour y parvenir. Evidemment, cela ne peut se faire sans un refinancement et le remplacement des postes vacants depuis des années. On ne peut continuellement répartir sur ceux qui restent la charge de travail du partant. A ce train, le burnout ne manquera pas d’être la première cause d’absence. Tout aussi grave, la qualité scientifique ne pourra certainement pas être maintenue. Or, il semble que l’ensemble de l’opération prévue doive être réalisée à budget constant...
Le sort des musées royaux et de l’Institut Royal du Patrimoine Artistique intéresse-t-il encore quelqu'un ? Voilà la question de fond.
Il faut à présent ajouter le Musée de l’Armée à cette liste. La différence de tutelle ne change rien à ce nouveau naufrage annoncé depuis des années.
Les commentaires étant fermés sur Musée sans musée, je viens vous remercier ici de secouer une fois de plus le cocotier de l'indifférence et de l'apathie.
RépondreSupprimerLes déclarations d'intention prennent le dessus, la communication remplace l'action. Politique superficielle ou stratégie de pourrissement ?
Grands mercis. Je ne découvre qu'aujourd'hui votre commentaire à la faveur du changement de l'interface de ce blog.
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