De Tiepolo
à Richter. L’Europe en dialogue
Henri
Evenepoel (1872-1899), Charles au jersey rayé, 1898, huile sur
toile, Fondation Roi Baudouin, Bruxelles (photo GW).
Il ne reste que quelques jours pour
aller voir une très belle exposition au Musée du Cinquantenaire à Bruxelles. Les
principales fondations* européennes actives dans la sauvegarde du patrimoine
culturel présentent quelques éléments majeurs de leurs collections dans le
cadre de l’exposition De Tiepolo à
Richter, l’Europe en dialogue.
Malheureusement, elle ne connaît pas
l’affluence qu’elle mérite pourtant. J’ai eu la chance de la voir deux fois
parfaitement seul. Un grand et rare plaisir.
(Photo
GW)
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Evidemment, son titre, bateau, ne doit pas y être pour rien. Il désigne à présent la plupart du temps des contenus hétéroclites dans lesquels les organisateurs placent de grands espoirs de retours sonnants et trébuchants, faisant vibrer le taux de fréquentation. La réalité est si souvent décevante que la réussite est rarement au rendez-vous, tout comme le visiteur.
Il faut y entrer presque par hasard
pour visiter ce genre d’évènement, comme cela fut mon cas. J’avais surtout
envie de revoir la salle aux colonnes. Surprise ! Je tombe sur une
exposition belle, de qualité, finement mise en scène en exploitant au mieux
l’espace très beau de cette partie du musée (qui en compte beaucoup d’autres).
Francesco
Guardi, Vue du Molo avec le Palais Ducal,
vers 1790, huile sur bois,
Fondation et Musée Calouste Gulbenkian, Lisbonne
(détail, photo GW).
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Son deuxième défaut est une des
qualités de cette exposition : il n’y a pas de grands chefs d’œuvres qui
auraient attiré les foules. Inutile aussi de chercher un fil rouge précis, ni un
dialogue pourtant annoncé dans le titre ou une chronologie rigoureuse.
Pourtant, les grands noms sont au
rendez-vous : Dürer, Evenepoel, Guardi, Jordaens, Klimt, Rodin, Tiepolo,
Van Wittel, pour l’art ancien et Baselitz, Constant, Kirchner, Richter, Maria
Helena Vieira da Silva ou Spilliaert pour les XXe et XXIe
siècles. Ces artistes se mêlent aux moins connus, ou très rarement montrés, mais
tous sont représentés par de très belles œuvres qui donnent une idée de ce
qu’être un artiste en Europe entre le XIVe et le XXIe
siècle signifiait pour les contemporains, et signifie encore pour nous. Etre artiste en Europe entre entre 1300 et
2018 aurait été un titre décrivant bien le sujet et permettant une
promotion plus compréhensible.
La peinture est largement dominante,
mais elle est entourée par l’ébénisterie, la gravure, l’ivoire, porcelaine,
tapisserie et un manuscrit.
Rodin, Buste
de Victor Hugo, modelé en 1883, reproduit en marbre entre 1886 et 1888,
Fondation et Musée Calouste Gulbenkain, Lisbonne (photo GW).
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Un seul véritable regret : il manque
un catalogue digne de ce nom. Le sujet s’y prêtait à merveille. Les historiens
de l’art, les sociologues, les historiens, les économistes, etc… capables de
traiter le sujet sont suffisamment nombreux en Europe pour apporter un regard
nouveau. Cela aurait certainement été une belle occasion de rencontres entre
universitaires et conservateurs.
(Photo
GW)
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Cependant, ne boudons pas notre
plaisir. C’est une belle exposition à taille humaine (70 œuvres), loin des
expos monstres épuisantes par les 200 œuvres sous lesquelles nous sommes
régulièrement ensevelis. On passe un beau moment de délectation. L’éclairage a
été critiqué, mais je trouve au contraire qu’il met bien en valeur les œuvres
et le lieu. Il happe le visiteur dès l’entrée de l’exposition, dont il ne sort
qu’à regrets. Certes, les puristes pourront toujours faire des objections avec
de bonnes raisons d’historiens de l’art ou de critiques d’art. Pour ma part, je
privilégie le beau moment passé et la découverte d’œuvres ou d’artistes peu
connus que l’on a rarement l’occasion de voir ensemble. C’est aussi un des
objectifs d’une exposition, et de ce point de vue c’est une belle réussite.
(Photo
GW)
Jusqu’au
30 septembre : mardi - dimanche : 10:00 - 17:00.
Le
dernier ticket est vendu 1 heure avant la fermeture.
De
Tiepolo à Richter, l'Europe en dialogue
Je
24-05-2018 - Di 30-09-2018
Musée
Art & Histoire
Parc
du Cinquantenaire 10
1000
Bruxelles
Belgique
Tarif
: 10 €.
* Une
initiative de la Fondation Roi Baudouin avec la collaboration de treize
institutions : Fondazione Cariplo,
Fundação Calouste Gulbenkian, Finnish Cultural Foundation, Fondazione
Banca del Monte di Lucca, Fondazione Cassa di Risparmio di Lucca, Fondazione
CRT, Fundação Oriente, Jenny and Antti Wihuri Foundation, Olbricht Foundation,
Prins Bernhard Cultuurfonds, Saastamoinen Foundation, Svenska Kulturfonden et
Vereniging Rembrandt, dans le cadre de
l’assemblée générale du Centre Européen des Fondations qui se tient cette année
à Bruxelles.
La
partie documentaire que le visiteur traverse avant d’entrer dans l’exposition
proprement dite s’attache à souligner l’action des fondations européennes en
faveur de la préservation et de la transmission de notre patrimoine culturel.
Centre
des Fondations Européennes www.efc.be (ajouté le 23/09/2018).
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