samedi 5 décembre 2020

La Roseraie à Montfaucon : le personnel souffre en silence ou quitte l’établissement.

Les 450 patients annuels sont priés de se débrouiller seuls. 
Silence on crève !



La Roseraie à Montfaucon (46).

Tout donne aujourd’hui l’impression d’une décision programmée et concertée, mais non avouée : il faut fermer le centre de réadaptation cardiaque. Pourquoi vouloir la peau de la cardio de La Roseraie ?  

La technique employée n’est pas nouvelle. Elle est toujours la même : pousser le personnel à bout et attendre qu’il parte de lui-même, tout en faisant un exemple et en faisant peser une menace sur les autres de façon voilée mais bien identifiable. Résultat on se démet ou on se tait par crainte pour son emploi. 

Le second avantage n’est pas négligeable : quand tout aura été fait pour casser l’outil, il n’y aura plus qu’à fermer au prétexte qu’il est impossible de trouver les cardiologues nécessaires et qu’il n’y plus suffisamment de soignants pour assurer la sécurité des patients et, "cerise sur le gâteau", plus besoin de mesures sociales d’accompagnement ou de reclassement du personnel. 

Pendant ce temps la direction gesticule médiatiquement pour donner l’impression que la recherche de cardiologues et de soignants est en cours. "Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir", rejetant au passage la responsabilité sur d’autres. La technique est si éculée que je me demande comment elle fonctionne encore. Enfumage en termes militants, rideau de fumée en termes militaires. 

Soyons réaliste, les élus ne bougeront pas davantage, ils auront fait ce qui était faisable selon eux face à l’inacceptable et ne prendront pas le risque de troubler d’autres négociations pour un centre moribond, qui ne se relèvera probablement jamais des coups qui lui ont été portés jusqu’au deuxième confinement. 
Il faut souligner le soutien de Marie Picqué, Vice-présidente de la Région, donnant beaucoup d’elle-même dans ce combat, là où elle pouvait être utile. Les patients l’en remercient infiniment. 

Pourtant, il y a une recette pour réussir et sortir de ce profond cratère d’obus, que bien des gens que j’ai rencontrés connaissent : remplacer la directrice défaillante et les éléments du management qui la soutiennent corps et âme. Dans toute organisation, un cadre supérieur qui échoue sur le plan managérial et stratégique aussi bien serait remplacé depuis longtemps. Il ne faudra pas six mois pour remonter la confiance et remettre la machine en route. 

Le nouveau projet régulièrement avancé n'est pas davantage un obstacle, il aurait parfaitement sa place dans l'aile inoccupée depuis 2014 (!) et serait une belle corde supplémentaire à l'arc de cet excellent centre de réadaptation multifonctionnelle, reconnu bien au-delà des frontière du département.

Cette entreprise de démolition n’a aucun sens à l’heure où l’on insiste régulièrement sur la santé de la population, la prévention, l’emploi des soignants et sur la continuité des soins récurrents malgré l’urgence du COVID19 (le centre est à nouveau fermé depuis le début du second confinement). 

On ne peut pas non plus parler de "secteur cardiaque" moins rentable, dans une institution à but non lucratif, qui plus est relevant exclusivement de la santé publique. La Roseraie est un excellent centre médical, en bonne santé financière et surtout perçoit de l’argent public, sans lequel son fonctionnement serait impossible. Il serait temps d’exercer un contrôle sur l’emploi qui en est fait. 

Le jeu en vaut la chandelle : il s’agit de la vie ou de la qualité de la vie de 450 personnes par an à qui « on » fait prendre le risque de mourir discrètement d’une récidive ou d’une complication, voire de rester handicapé pour les mêmes raisons ou incapables de retrouver un fonctionnement normal. 

Les conséquences non envisagées par ces stratèges de bureau sans fenêtres ne seront pas négligeables, il ne faut pas être énarque pour le comprendre : nouvelles dépenses de santé, de chômage, mise en difficulté d’entreprises et plongeons des familles dans la peine, les soucis financiers et psychologiques. L’impact sera énorme : outre les 450 personnes directement touchées, il faut ajouter entre 1300 et 1500 indirectement tous les ans. 

Et tout cela après le Ségur de la Santé, les promesses d’un « monde d’après » meilleur faites à chacun de nous, répétées aux soignants et les milliards qui pleuvent un peu partout, alors même que le 13 mars dernier il n’y avait plus un centime dans les caisses de l’Etat et des Collectivités. 

450 personnes risquent leurs vies !! 



P.S. : Je soutiens les soignants pour la grande qualité de ce service, de son personnel, pour les 450 patients annuels, pour leur vie retrouvée plus solide "qu’avant" et davantage chargée de sens. 
Applaudir les soignants durant deux mois n’a aucun sens si chacun de nous ne s’engage pas à leurs côtés quand l’occasion se présente. 

NDLR : cet article est le troisième sur ce sujet, Le lecteur pourra trouver dans les deux précédents tous les éléments de compréhension nécessaires, ainsi qu'en consultant les sites de La Dépêche et Actu du Lot.






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