jeudi 20 juin 2013

Un musée d’Art Moderne ou Contemporain à Bruxelles, le long du canal ?

Les médias se sont longuement fait l’écho ces dernières semaines du projet de création d’un musée d'Art Moderne ou Contemporain, à Bruxelles, quelque part autour du canal. Plusieurs lieux ont été cités pour accréditer ce qui était souvent présenté comme une décision, dont les modalités seraient en cours de définition et de négociations.

Peut-être ai-je mal compris ; je n’y ai vu pour ma part aucune décision d’implantation, mais un simple souhait. Certainement suis-je trop critique, mais je crains qu’il ne s’agisse d’une tentative de noyer tranquillement le poisson en faisant penser que quelque chose a été décidé à propos d’un sujet aussi brûlant et autoritaire que la fermeture du musée d’Art Moderne.
Les mots dans ce jeu d’échecs (ou de dupes ?) ont à mon avis une grande importance. Si la citation suivante est exacte, et non extraite de son contexte, le lecteur attentif n’y verra aucune trace de décision : « Nous souhaitons créer un grand musée, et nous voulons l’implanter au bord du Canal », souligne Rudi Vervoort. Le ministre-président n’en dira toutefois pas plus sur le bâtiment qui abritera le temple de la culture (les négociations seraient toujours en cours). Les ministres bruxellois ne se sont du reste pas entendus sur sa philosophie précise : moderne ou contemporain ? « Le débat n’est pas tranché », sourit Rudi Vervoort. Le projet sera « bien sûr élaboré en collaboration avec le fédéral », mais est tout à fait distinct du projet de réorganisation des collections des musées des Beaux-Arts ».

On ne peut être plus clair. Il faut également s’interroger sur cette volonté d’autarcie. Pourquoi Ville, Région et Fédéral ne pourraient pas, sur un territoire aussi petit, unir leurs maigres ressources pour produire ensemble un projet à la hauteur d’une capitale fédérale et européenne ? Toute autre solution n’aboutira qu’à un projet étriqué, ambitieux certainement, mais dépourvu de moyens.

Je reste persuadé que la seule décision immédiate, utile et de bon sens, à effet immédiat, passe par le report du « Musée fin de siècle » (intéressant, mais non prioritaire) et la réinstallation du musée d’Art Moderne dans son lieu d’origine. C’est la seule garantie d’un retour rapide et à moindres frais d’un véritable Musée d’Art Moderne à Bruxelles. Rien n’empêche ensuite de mettre en forme un projet à plus long terme, concerté avec les acteurs culturels belges et étrangers. Il sera toujours temps de savoir s’il faut faire un choix entre « Moderne » et « Contemporain ». Cette question n’a du reste de sens que pour le monde politique. Le public, un amateur, un collectionneur, un artiste contemporain ou un historien de l’art, même spécialiste comme moi des XVIIIe et XIXe siècles, sont convaincus qu’il faut un musée de l’art belge des XXe et XXIe siècles. C’est une évidence. J’imagine naturellement que le bilinguisme, voire le trilinguisme (pour ne pas oublier comme souvent les germanophones) du nom de ce musée va susciter d’interminables débats. Ce problème peut être réglé tout simplement par une appellation compréhensible dans toutes les langues du monde et parfaitement en adéquation avec le contenu de l’institution. Plusieurs pourraient convenir aussi bien que : « 20-21.be » et éviteraient une appellation aux allures anglophone.

Difficile de terminer sans penser que la fermeture d’un musée, est tout aussi grave que celle d’une radio ou d’une télévision, comme cela vient de se produire en Grèce. C’est un musée qui est touché : le résultat est donc moins visible, pour ne pas dire parfaitement indolore pour le Gouvernement. La décision est néanmoins aussi autoritaire. Il s’agit d’un acte tout autant antidémocratique, qui revient à décider dans un bureau qu’une tranche de la culture d’un pays n’a plus de valeur et qu’elle peut être supprimée. La voie est ouverte, les deux autres musées royaux pourraient bien subir le même sort, mais de façon plus subtile.

1 commentaire:

  1. Au bord du canal / kanal /Kanal de Bruxelles (la Belgique est tri-lingue)..... et les innondations pourront entrer par la grande porte, sans sonner .... Quand on pense que le Louvre, en France, fait tout pour sauver ses collections des futures innondations dues à la montée des eaux de la Seine !! En y pensant, je me dit qu'en Belgique les visiteurs écoeurés à la vue des oeuvres dites "modernes" (voir fumistes) ne devront pas aller loin pour se jeter dedans... par désespoir... Et, je suppose, que la Vlanderen s'appropriera toutes les oeuvres dites flamandes pour les installer dans un musee au bord de la mer du Nord !!
    Quelle tristesse quand on pense que nos ancêtres, se sont battus pour que la Belgique soit unie et le reste ; ils doivent tous avoir envie de sortir de leur tombeau !

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