lundi 15 février 2021

Les étudiants et étudiantes ont besoin d’un soutien financier, pas uniquement d’une aide sociale !


"Ma" salle de cours le 13 mars 2020, dix minutes avant mon dernier cours dans un espace conçu à cet effet.


Elle doit être attribuée sur le même modèle que celles prévues pour les entreprises, indépendants, commerçants et salariés. Ce n’est pas digne de les envoyer à l’aide sociale, quelle qu’en soit la forme (chèque psy, repas à 1 € ou CPAS en Belgique…). Certes, il y a des deux côtés de la frontières des aides, mais cela n’est pas suffisant.

Je faisais le 9 février une communication à l’Académie des sciences morales, des lettres et des arts de Versailles sur un sujet d’actualité. Il s’agissait d’un retour d’expérience et de réflexion d’étape après onze mois de cours donnés exclusivement à distance (Histoire de l’Art en visio : un des rares bienfaits du confinement ?). Cela dit en passant, je préfère largement « visiocours », parce que la distance est certainement ce que je tente de réduire le plus possible. Cette conférence était elle aussi diffusée exclusivement via Zoom devant 55 auditeurs, pour respecter les impératifs sanitaires.

Régis Huber, Président de l’Académie, a posé une question qui m’a amené à faire une proposition d’aide toute simple et tellement évidente :

Comment pallier l'isolement de chaque étudiant lorsque le seul lien devient un écran plat, sans possibilité de conversation « dans le couloir » ?

C’est la question centrale. J’ajouterai la misère à l’isolement et une véritable forme de déclassement social lorsque vous être obligé de faire appel à la « solidarité » pour survivre. J’y pense tous les jours. Un cours de qualité ne suffit pas. Cette partie du problème passe par des éléments de solution sur lesquels je n’ai aucune prise, pas plus que mes collègues enseignants, quel que soit le niveau.

Il est aujourd’hui évident qu’il faut séance tenante résoudre les problèmes financiers, techniques et sociaux dans le même mouvement. La solitude se vit moins mal lorsque l’on sait de quoi sera fait le lendemain et que l’on n’est pas obligé de faire une file interminable pour aller chercher son repas au CROUS ou aux Restos du Cœur ou encore demander un « chèque psy »... Un étudiant ou une étudiante ne demande pas l’aumône, mais une véritable prise en considération de sa situation à l’instar des autres membres de la société.

Aucun gouvernement européen n’a, à ma connaissance, anticipé l’exacte mesure de la crise financière et sociale dans laquelle un grand nombre d’étudiants allaient être plongés avec la perte des revenus de leurs emplois disparus. Cela n’a clairement pas été pris en compte à la hauteur des enjeux. En outre, aucune des « dispositions » prises jusqu’à présent n’a été en mesure d’atténuer la crise sociale étudiante.

La véritable solution consiste, sur une base déclarative comme pour les entreprises, en l’attribution immédiate d’un soutien financier mensuel, avec effet à la date du premier jour du premier confinement, permettant de réellement vivre et envisager l’avenir avec davantage de sérénité. Cette somme doit être équivalente à la perte de revenus causée par la fermeture des entreprises pourvoyeuses de jobs étudiants. Elle doit être cumulable avec toutes les autres dispositions ET être attribuée le temps qu’il faudra aux entreprises pour pouvoir à nouveau engager. Le calcul se ferait sur la base de la déclaration d’impôts de 2019 et concernerait tous les étudiants et étudiantes, y compris ceux qui ont abandonné faute de moyens ou noyés dans l’angoisse du lendemain.

Il faut également trouver une indemnité moyenne pour les primo étudiants et tous ceux qui ne peuvent prouver un revenu parce qu’ils vivaient de la « débrouille ».
Le 13 mars, il n’y avait plus un euros dans les caisses des états européens et depuis le 17 mars il pleut des milliards, il doit bien rester quelques gouttelettes pour les jeunes qui dans quelques années feront tourner nos pays. C’est l’occasion ou jamais de leur permettre, et de nous permettre à tous et toutes, de croire en la réalité du « monde d’après ». Soyons bons et justes et le monde sera bon et juste.

Il s’agit là d’un véritable investissement d’avenir. C’est une urgence et un devoir.

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