vendredi 27 novembre 2015

Musées et Culture : chers et inutiles !

Laurent de Médicis, dit  Le Magnifique, anonyme école florentine, XVe siècle, hst, Florence, Palazzo Medici-Riccardi.

Combien de fois ai-je entendu ce type de commentaire ou une allusion du même tonneau vide ? Je ne les compte plus. Pourtant plusieurs études démontrent le contraire depuis un moment. La plus spectaculaire est certainement cette nouvelle démonstration : la Culture contribue en France 7 fois plus au PIB que l'industrie automobile. 7 FOIS PLUS, cela vaut la peine de le répéter, de l'écrire en majuscule, en gras et de le souligner.


Un intéressant article paru à ce sujet, en janvier 2014, sur le site de La Tribune, contredit cet adage si souvent répété qui voudrait que la Culture soit une dépense onéreuse et inutile. La Tribune met en lumière une réalité évidente, mais jamais démontrée avec autant de limpidité. A lire ICI.

On peut donc se demander si la Belgique peut se permettre de saborder son industrie culturelle comme elle semble vouloir le faire ? Notons, entre de rapides parenthèses, que la même question doit être posée au Gouvernement français à propos du traitement réservé au Patrimoine. 
Mais c'est un autre sujet.
Certes, la Belgique, petit et dynamique pays (on se demande bien pour combien de temps encore) ne peut être comparé sur le plan culturel à son voisin d'outre Quiévrain, mais il doit bien exister un rapport de proportion aussi favorable avec l'un des pans de son industrie dont plusieurs branches sont favorisées d'une renommée internationale.

Le Pr Xavier Greffe (Université Paris 1) dans un article (The Economic Impact of The Louvre) publié dans The Journal of Arts a pour sa part étudié l'impact économique du Musée du Louvre. Le résumé a de quoi faire réfléchir : "The economic importance of cultural activities for economic development is frequently emphasized. This is the case for the Louvre, often considered as the world's leading museum: more than eight and half million visitors, exceptional collections, and unrivaled location at the heart of Paris. Considering the "average option," it can be said that its impact is very favorable : a gross value of 938 million , a net tax gain of 39 million , and between 12,738 and 18,090 jobs created. But another important lesson may be drawn: the Louvre does not fully benefit yet from its intellectual property rights, due to a management that has been very shy in the past, but that can be very promising for the future." 

Les Beaux-Arts, Le Cinquantenaire et le Musée d'Art Moderne ont un potentiel à Bruxelles de même nature, toutes proportions gardées. Pourquoi ne veux-t-on pas le voir ? Ils comptaient parmi les institutions importantes du monde muséal jusqu'à la fin des années 80. Leur situation n'a cessé de décroître depuis, faute d'un financement à la hauteur des enjeux et d'un réel intérêt de la part des politiques. Ces merveilleux musées occupent à présent un rang régional bien dessous de la qualité de leurs collections, ainsi que des compétences de leur personnel technique, administratif et scientifique.

Rappelons à ceux qui l'ont oublié que le défunt Musée d'Art Moderne n'existe plus, fermé depuis bientôt 5 ans, relégué en réserve, sans futur, 
sans plus aucun intérêt pour les médias. "Une brève histoire de l'avenir" en somme plus intéressante que cette mauvaise exposition (tout ce qu'il convient de penser de cette opération médiatique est merveilleusement exprimé par Didier Ryckner dans La Tribune de L'Art ICI).

Enfin, j'ai déjà sur ce blog insisté dans différents articles sur les bénéfices non financiers de la Culture en général et des Musées en particulier  (personnels, sociétaux, intellectuels, philosophiques, diplomatiques, politiques, développement des entreprises, recherche, littérature...). Ils sont tout aussi impressionnants et d'un "retour sur investissement" immédiat, régulier et assuré. Il faut simplement se donner la peine de les comprendre et de les considérer à l'égal des indicateurs financiers. Les Médicis l'avaient bien compris dès le XVe siècle...


Mais par dessus tout, il faut cesser de prendre les musées, et les institutions culturelles bruxelloises, en otage d'enjeux politico-linguistiques absurdes vu de Bruxelles et totalement incompréhensibles, obscurs, inintelligibles, risibles vus de l'étranger où je me trouve. Abscons en un mot.

1 commentaire:

  1. Il y a quelques années, 15 ou 20 (?), des déplacements en bus étaient organisés depuis la Hollande, la France et même l'Allemagne pour transporter les visiteurs de nos GRANDES expositions qui se tenaient dans le Musée du Cinquantenaire comme dans celui des Beaux-Arts, à Bruxelles. Il en était de même pour celles des Musées des Beaux-Arts de Liège et d'Antwerpen (Anvers)... Qu'en est-il maintenant ? La Belgique a été découpée en "rondelles" et depuis, plus rien n'y fonctionne, les divers "gouvernants" francophones et néerlandophones ne cessant de se chamailler ou de jouer "au chat et à la souris" pour ne pas dire "au lion et au coq". Des conservateurs (dignes de cette charge) pour ces dits musées existent-ils encore ? et si oui, oeuvrent-ils avant tout pour la gloire de l'Art (comme "dans le temps") ou simplement pour assurer leur fin de mois et leur pension future ?? En 2000, j'ai eu l'occasion de travailler quatre mois dans un service renommé en Europe et jusqu'en Russie, en tant que bénévole au Musée du Cinquantenaire; cinq ans plus tard, ce service a été supprimé par la Conservatrice. Il semblerait que le suivant n'avait qu'une idée en tête : galvauder ce superbe musée où tant de monde, scientifique ou non, avait tout fait, pendant tant d'années, pour le maintenir en tête des musées européens !

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